Le recours à l’arbitrage, à la conciliation ou encore à la justice est une issue classique lorsque deux protagonistes ne parviennent pas à se mettre d’accord et qu’aucun des deux ne veut renoncer à ses prétentions.
Pour autant, la solution contentieuse n’est pas toujours la meilleure.
Relisons à ce titre la fable « L’huitre et les plaideurs » de Jean de La Fontaine (1678, 9ème fable du livre IV)
« Un jour deux Pèlerins sur le sable rencontrent
Une Huître que le flot y venait d’apporter :
Ils l’avalent des yeux, du doigt ils se la montrent ;
A l’égard de la dent il fallut contester.
L’un se baissait déjà pour amasser la proie ;
L’autre le pousse, et dit : Il est bon de savoir
Qui de nous en aura la joie.
Celui qui le premier a pu l’apercevoir
En sera le gobeur ; l’autre le verra faire.
– Si par là on juge l’affaire,
Reprit son compagnon, j’ai l’oeil bon, Dieu merci.
– Je ne l’ai pas mauvais aussi,
Dit l’autre, et je l’ai vue avant vous, sur ma vie.
– Eh bien ! vous l’avez vue, et moi je l’ai sentie.
Pendant tout ce bel incident,
Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge.
Perrin fort gravement ouvre l’Huître, et la gruge,
Nos deux Messieurs le regardant.
Ce repas fait, il dit d’un ton de Président :
Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille
Sans dépens, et qu’en paix chacun chez soi s’en aille.
Mettez ce qu’il en coûte à plaider aujourd’hui ;
Comptez ce qu’il en reste à beaucoup de familles ;
Vous verrez que Perrin tire l’argent à lui,
Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles »
L’huitre et les plaideurs, Jean de La Fontaine (1678, 9ème fable du livre IV)